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31 janvier 2010

Colocataires : la vie en partage

colocation_colocataires

Dans un pays où se loger devient un casse-tête, un jeune sur deux songe à la vie en communauté. Crise oblige, les plus âgés s’y mettent aussi.
« Je ne sais pas si c’est bon pour la cuisson du poulet », se ­demande Dominique à haute voix. Un genou à terre, un torchon dans une main, un couteau dans l’autre, elle plante avec une minutie chirurgicale son instrument dans une des cuisses croustillantes du volatile. « Il est prêt à être dégusté », marmonne-t-elle avant de crier : « A table ! » Les joues rougies par le blush et les lèvres glossées, Christiane dévale les escaliers. Camille, silhouette enfantine, sourire franc et yeux noirs rieurs la talonne. Dominique, 55 ans, est artiste peintre ; Camille, 38 ans, éducatrice ; Christiane, 68 ans, psychosociologue à la retraite. Depuis octobre, les trois femmes vivent ensemble dans cette maison de 110 mètres carrés à ­Arradon, un bourg breton voisin de Vannes. Une colocation originale, éloignée des clichés sur la cohabitation d’étudiants fauchés.

Comme elles, un Français sur cinq et un jeune sur deux sont tentés ou concernés par cette solution de logement développée dans des pays européens comme la Grande-Bretagne, la Suède ou la Belgique. « La coloc n’est plus l’apanage des jeunes ! » martèle Christiane.
La colocation est le fait de réaliser une location en commun. Elle peut se faire officiellement, c'est-à-dire avec l'accord du propriétaire (dans ce cas, les personnes vivant en colocation, ou colocataires, signent tous le bail), ou bien à l'insu de ce dernier. Dans ce dernier cas, elle se fait souvent de la façon suivante : le locataire du logement fait appel à des colocataires potentiels (parfois en passant par d'un service d'annonces en ligne). Ceux-ci se voient proposer parfois une chambre dans un logement ; il se rendent à ce dernier afin de rencontrer le locataire officiel. Lorsque l'un des colocataires et le locataire parviennent à un accord, le colocataire (strictu sensu, sous-locataire) paye au locataire le loyer convenu et se voit aussitôt délivrer les clés. Le tout se déroule donc sans que l'on en parle au propriétaire, et l'accord entre les colocataires (locataire et sous-locataire) est verbal, n'ayant souvent pas de contrat.

Colocataires_articlephotoEux, ce sont ses huit colocataires dénichés en partie sur le site spécialisé ­Appartager. Ils résident dans une villa de deux étages composée de neuf chambres, quatre salles de bains (autant de toilettes), une cuisine, un salon au sous-sol transformé en salle de télé, un studio photo, un garage aménagé en lieu de vie et un jardin avec terrasse et transats, 330 mètres carrés en plein cœur de Paris, dans le XXe arrondissement. Leur quotidien est un remake de la série américaine « Friends ». Une seule règle : pas de règles ! « On a essayé d’établir une charte, raconte Laure avec un grand sourire. Echec total, c’était trop compliqué... » Derrière elle, William ­résume : « C’est un joyeux bordel où l’on s’entend tous super bien. » Sur les deux canapés et le fauteuil club vieilli, les neuf compères s’entassent et rigolent dans un vacarme assourdissant façon auberge espagnole. Tous gagnent des salaires corrects, mais ce joli tableau cache une réalité moins rose. « Aujourd’hui, affirme Sidney, louer un appart’, c’est avoir une chambre de bonne de 15 mètres carrés pour 600 euros par mois. C’est inconcevable. » Cécile renchérit : « Et encore, il faut montrer patte blanche. Avoir un emploi stable, bannir les CDD, afficher un salaire supérieur au smic et demander à nos parents d’être garants... C'est absurde quand on a la trentaine ! »

Un film à succès met en scène des personnages de différentes nationalités partageant une colocation : l_auberge_espagnole_2001_reference<L'Auberge espagnole>. Xavier, étudiant en sciences économiques, rêve d'être écrivain. Mais son destin semble être d'intégrer le ministère des Finances grâce à un ami de son père, qui lui conseille d'aller vivre une année en Espagne, afin d'acquérir une spécificité qui favorisera son embauche. Il décide donc de faire une année d'études à Barcelone, en Catalogne grâce au programme Erasmus.Loin de sa copine Martine, il se retrouve à partager en colocation un appartement avec d'autres étudiants étrangers : la Belge Isabelle, l'Anglaise Wendy, l'Italien Alessandro, l'Espagnole Soledad, le Danois Lars et l'Allemand Tobias. Entre dépaysement, choc culturel, difficulté de la langue (les cours sont en catalan alors que les jeunes Français apprennent l'espagnol à l'école), il commence à s'intégrer en profitant de sa vie d'étudiant.

Pour Céline , avec son salaire de postière, trouver cette famille fut une chance : « Je vivais seule dans un 40 mètres carrés et, financièrement, je commençais à m’essouffler. » Depuis septembre dernier, ce quatuor original est heureux. La colocation monoparentale n'est pourtant pas répandue en France. Un seul site Web ­recense les annonces : Colocation-monoparentale.fr. « C'est quelque chose que les personnes devraient envisager, insiste Cathy. C'est bien pour les enfants et pour les parents. L’opinion publique est trop marquée par le schéma familial “deux parents plus deux enfants”. On en a fini avec cela, vivre avec une inconnue permet l’ouverture d’esprit et le partage. Céline nous amène de l'ambiance, de la joie de vivre, et contribue beaucoup au bien-être des enfants. » Céline acquiesce, avant de conclure : « Et c’est aussi un bon moyen de lutter contre l’individualisme envahissant et nocif de notre société. »

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